Le championnat Roscar, comme si vous y étiez.

Par VDB | le 22/05/19

La passion de ‘l’automobile, une fois qu’elle vous a piquée, ne vous lâche jamais. Nombreux sont, parmi vous, ceux qui n’ont jamais eu la chance de vivre les sport auto de l’intérieur, alors, par l’intermédiaire de Stephan Ehrhardt, moniteur de pilotage diplômé, et bien plus encore, que nous allons essayer de vous faire découvrir un weekend de course, grâce à son récit, enflammé et passionnant de l’épreuve s’étant déroulée les 17 et 18 mai 2019 sur le circuit de Magny-Cours.

Deuxième participation au Championnat ROSCAR du Club911IDF organisé par Christian Rossi

Je vais faire court...nan je plaisante, mettez votre combi je vous installe...

Sur la route vers Magny, on était préparé pour la guerre avec la pluie annoncée pour tout le weekend. Sur place, la joie de retrouver le Team 911 Impact et mon pilote , coéquipier et ami : Salim Den Hondt , détendu aux cotés de sa 991 Cup suspendue sur ses vérins.

Premiers tours le vendredi, sur le sec, ciel menaçant. L’auto va bien, même si passé un « certain temps » les freins sont à nouveau mous et n’inspirent pas vraiment confiance.

Deuxième partie sous la pluie, enfin venue. La piste est terriblement glissante, mais la 991 Cup est incroyablement saine, les freins, refroidis par eau, ne posent plus de problèmes.

Samedi : Race Day

 

Les qualifs auront lieu sur le sec, piste froide et séchante. Salim me confie à nouveau cette mission, pneus neufs.

Premier tour de chauffe, bien déglacer les pneus, je m’y emploie avec le plus d’attention possible, l’Audi R8 V10 me passe au virage du Chateau d’eau, puis j’ai la vision surréaliste de cette auto qui pivote au freinage suivant et vient s’encastrer dans le mur, comme un film au ralenti.

Purée c’est hyper piégeux. Le temps d’évacuer la malheureuse auto, la piste est claire et je tente deux tours lancés, puis box pour « faire les pressions ».

La course 1 :

Mise en grille, tour de formation, dès les premiers mètres, coup de théâtre ! Une des toutes première auto ralentie, puis se range sur le côté. En passant Adélaïde et rejoindre le Nurburg...nouvelle vision, la RS01 part en tête à queue en chauffant ses pneus et percute durement le mur par l’arrière, ça calme direct ! Nous passons plusieurs tours sur Safety Car et les esprits s’échauffent.

La rampe de clignos s’éteint sur le pace car qui s’efface au stand, le départ est imminent, la chicane, devant on se lance, feu vert ! GAZ ! La meute hurle et on fond sur les premières courbes, c’est violent comme effort, devant, derrière, à côté, les autos sont partout, affamées !

Le grip est encore délicat et mon freinage au virage du 180 est bien trop long, laissant la porte béante ouverte, une auto s’engouffre, mais part en tête à queue dans la manœuvre.

Aller, trouves ton rythme !

Je mets du push, les pneus sont enfin chauds et j’ai une belle 997 cup en ligne de mire

Le problème est qu’il y a une autre sublime 991 cup à mes fesses !

C’est la situation de course la plus éprouvante, continuer à attaquer tout en défendant sa place. Dans certains secteurs j’arrive à créer un petit « gap », mais aux gros freinages, le compteur est remis à zéro ! On sera ensemble toute la demi-heure. Plusieurs fois la 991 cup me passe au frein, mais je recroise en sortie. Les pneus ont chaud, les freins sont en ébullition et je suis à bloc aussi !

Sur la fin je suis en mesure de doubler la 997 Cup diablement efficace et bien conduite, mais le freinage s’empire assez nettement et voilà qu’elle se mets en crabe, tirant fort à droite ! Aussi je dois pomper trois à quatre fois à chaque gros freinage, c’est chaud et je me dis que c’est mal « barré » pour le relais même si nous sommes P6

« BOX-box-box » à la radio

Je déclenche bien le chrono d’entrée des stands pour respecter les fameuses 1’50 d’arrêt obligatoire. Salim s’installe et je lui indique de bien se méfier au premier freinage.

Effectivement c’est un run difficile, Salim essaie de nous joindre à la radio mais on n’arrive pas à communiquer, nous sommes dans le dur ! On perd un peu de terrain mais Salim arrive à ramener l’auto jusqu’à l’arrivée, au prix d’incroyables efforts. A l’arrivée nous sommes P8 et très dépités.

Sébastien Desoille et Nemeth StephaneJonathan Tonet pleins de sang-froid, s’occupent de l’auto dans le calme et nous invitent décompresser et aller déjeuner.

Plaquettes neuves, d’un autre manufacturier, aux quatre coins de l’auto. Bon, ça nous enlève un poids, on verra à la prochaine manche de 17h, super job du Team.

- Course 2 :

Salim prend le départ, il a très très peu de temps pour rôder les plaquettes : le tour de formation !

Il s’y applique jusqu’aux derniers mètres, puis c’est le départ. Quelques tours d’observation, puis les chronos descendent nettement ! Yes !

Derrière le plateau est très performant et le niveau vraiment élevé, Salim se bat bien, quand à nouveau coup de théâtre, une auto part dans un bac dans le gauche des stands, en ressort en traversant la piste mais ne peut repartir. Du coup Safety Car, tous les écarts sont en train de fondre. Là, Stéphane Nemeth a la Vista de la course et envoie le signal radio « Box-Box ! »

- on est dans la fenêtre du changement de pilotes ? Je lui demande

- oui dans quelques secondes ce sera bon !

Trois ou quatre autos rentrent déjà - elles auront toutes droit à un « Stop & Go » pour arrêt anticipé.

La première à être dans le timing est la numéro A68, c’est à dire mon Salim qui rentre au stand pile quand il faut !! - les freins sont OK. Je me mets deux claques et m’installe dans l’auto.

Dans les stands c’est la folie, des autos partout, le chrono tourne, c’est le moment d’y aller et il faut s’imposer pour sortir du box. Nous sommes au moins six autos « cul à cul » à sortir de l’allée des stands ! Arrivée en piste, on découvre un champ de graviers dans la courbe d’Estoril ! Ça gicle et glisse de partout.

Je tire les régimes et pars direct dans un rythme maximal, premiers freinages, le feeling n’a rien à voir !!! La décélération est super franche, la pièce manquante du puzzle a été trouvée ! L’auto est maintenant parfaite et je peux vraiment piloter. Sauf que je sors large du gauche des stands, mords l’herbe, glisse, ne rien lâcher, contre braquage, gaz, saut de bordure traversée piste, contre, gaz, remise en ligne, pfiouuu, et... c’est bon, reprise du rythme, je n’ai pas perdu beaucoup de temps ...gaffe au prochain tour Stef !!

Grosse bagarre, avec celui que j’ai contenu en course 1, toujours très sport et correct, je finis par passer au Nurb et prendre le large cette fois ci je peux me battre. Une Maserati se mets dehors dans Imola et gros drapeau jaune agité, j’ai terriblement envie d’attaquer, mais je dois me contenir ici, même si je perds du temps.

Une auto sort des stands et grossi dans le rétro, la « Macdo » est sur une autre planète, alors je ne résiste pas, il passe et je continue à mon rythme en attaquant jusqu’au damier !

« P3 ! » à la radio !

Ok cool on est 3 de la catégorie je me dis. En fait dans les stands, c’est la joie ! On est troisième au scratch !!

Les freins sont au top de bout en bout : problème résolu !

Et là c’est le long intervalle jusqu’à la course de 22h. Avec Salim on décortique les vidéos embarquées et décidons de la stratégie de course pour la dernière manche, la nuit. Salim me confie le départ. Et là je rentre dans un process de concentration, je bois, prends des forces, je reste en mouvement, respire, la course de nuit est très spéciale. Tout est très calme alors que les éclairages du circuit remplacent le jour.

L’heure d’installation finit par arriver soudain, et c’est l’effervescence qui reprend. Au moment placer l’auto en prégrille j’ai un pincement, ça en fait des autos, elles sont toutes si belles, un vrai effort de présentation, magnifiques et rutilantes.

Notre place est tout devant et c’est incroyable de garer notre « Jeukiplay » noire mat et rouge en troisième place.

Le Team a monté notre jeu de pneus slicks MICHELIN neufs, bien les rôder, chauffer, j’ai deux tours, celui de mise en grille et celui de lancement.

Nous sommes sur la grille de départ, arrêt pour photos et vidéos quelques minutes. Salim est à mes côtés, m’encourage, Anna, le Team911Impact, le Team Alfa passe me voir aussi.

Je suis dans un état très « spécial ».

Evacuation piste.

Pace car, démarrage, tour de formation, la nuit, la piste devient magique.

Être prêt à attaquer direct.

Dernière chicane, la vibration monte, rouge... VERT ! Et c’est l’attaque au premier tour, j’arrive à passer au freinage, P2.

J’ai l’auto juste devant moi, je continue, et attaque ..P1 !

Devant c’est le noir, j’enclenche les pleins phares et je tente l’échappée, chaque rapport, chaque freinage, chaque virage, chaque tour, je mets tout ce que j’ai. La Porsche est fabuleuse, le moteur hurle la boite claque ses rapports, les freins ...freinent.) Les pneus sont fabuleux et la piste libre devant.

Ce sont des moments indescriptibles mais je vais essayer.

L’esprit semble se diviser en deux entre la partie calcul, très factuelle et en même temps un détachement se produit, des pensées et des émotions furtives mais très intenses me traversent et l’auto vole. J’en tremble, rien que de l’écrire.

Je creuse au maximum l’écart pour donner l’auto à Salim. Je remarque que des Porsche ressortent des stands, ce doit déjà être le début de la fenêtre de changement de pilote

J’espère un instant que ma radio fonctionne bien, je me dis que Steph me laisse le plus longtemps en piste possible quand justement « Box -Box-Box » déchire l’obscurité.

Je rentre P1 avec 27 sec d’avance, toujours appliqué au « chrono stand », box, Neutral, coupure moteur, desserrage harnais, je sors ...difficilement. Salim monte, je lui fais signe que tout est OK, je peux à peine parler. Le Team check les pressions, top départ et la Porsche démarre retrouver son élément. Salim poursuit sa course solidement, en bagarre permanente avec le trafic, il fait nuit noire et le temps parait suspendu.

Les dernière minutes sont terribles, les lions reviennent derrière et on se fait croquer quelques places, mais le job est fait, bien fait. C’est le damier ! La fin de 3h de courses intenses. Qu’est-ce que doivent être les 24h !

L’auto revient au stand, intacte, Salim est rouge, il a tout donné aussi, on est tous les deux “à l’ouest”.

On nous appelle pour le podium, mais sur le podium on n’a pas compris. En fait il nous faudra le lendemain, dimanche midi, en revisionnant des dizaines de fois la vidéo du podium pour comprendre. En fait on a fini P2, au général, au scratch ! En fait on a marché sur la Lune !!!

Aujourd’hui encore j’ai du mal à y croire vu la qualité et la quantité du plateau. Les émotions du sport sont vraiment incroyables.

Je réalise cette chance et jamais je ne remercierai assez Salim de me l’avoir redonnée.

Quel Team ! 911 Impact Racing Team, ces gars assurent grave ! Mille merci à vous !

Merci Christian Rossi

Merci ma femme Anna, toujours là, qui nous a soutenus, photographiés, filmés, nourrit !

Je dédie cette course à Sébastien Bonnisseau, qui était avec moi dans ce run de nuit, parti il y a pile 4 ans ce jour

Vivement la prochaine !

“Keep the Dream Alive” !

Credits photo : Anna Ehrhardt