Par VDB | le 21/07/23
« Savoir d’où l’on vient, pour savoir où l’on va ». L’adage s’applique à la plupart des arts, mais plus particulièrement en horlogerie où les progrès se sédimentent depuis 250 ans et irriguent encore, au quotidien, les montres que nous portons. Alpina a donc voulu rappeler en cette année de son 140ème anniversaire son apport à l’horlogerie contemporaine grâce à un mouvement, le Calibre 490. Il est à la croisée de deux chemins : d’une part, une forme et un niveau de finition de haut rang qui témoignent d’une grande élégance à destination de pièces de standing ; d’autre part, certaines innovations qui attestent de la volonté simultanée d’Alpina de se projeter dans l’univers de la montre résistante et robuste, telle que la maison les conçoit aujourd’hui. En somme, un calibre rare et précieux, révélé à un moment charnière de l’histoire d’Alpina.
Flashback, en 1883 à Winterthur, une union horlogère atypique voit le jour, qui donnera naissance à la maison Alpina. Pourquoi atypique ? Parce qu’elle se positionne dès ses premières heures comme celle qui fabriquerait la montre idéale pour le sportif alpin, celui qui partirait à l’assaut des cimes et des environnements les plus exigeants. L’idée n’est pas commune : en ces premières heures de l’horlogerie, les fabricants n’en ont que pour la mesure de la vitesse (vélo, premières automobiles, bientôt les premiers aéronefs), ou bien le développement de rares complications (sonneries, calendriers, bientôt les premiers chronographes). Mais en 1938, Gottlieb Hauser, fondateur d’Alpina, prend la question horlogère à revers. Il estime qu’avant de fabriquer une montre précise ou compliquée, il faut d’abord inventer une montre fiable et solide. Et si l’idée semble évidente aujourd’hui, elle ne l’était pas il y a 140 ans. Les termes « chocs », « magnétisme » et « étanchéité » sont encore assez loin des préoccupations de la plupart des horlogers comme de leurs clients – la boîte « hermétique » est à peine naissante. Mais Gottlieb Hauser voit plus loin.
En prenant appui sur les nécessités de l’univers alpin, il imagine une montre qui répondrait à quatre exigences fondamentales : antichoc, amagnétique, étanche et inoxydable. Ce seront les quatre caractéristiques d’une pièce qui allait s’appeler l’Alpina 4, et c’est ainsi que Gottlieb Hauser a posé les fondations pratiques et théoriques du concept de la montre de sport contemporaine. Aujourd’hui, la marque a étendu son expertise aux trois univers - Air, Terre, Mer - en plus d’une dimension durable qui guide la conception de nombreux modèles plus respectueux de l’environnement.
C’est ce cahier des charges qui aboutira donc au fameux Calibre 490 en 1938, véritable mouvement de forme rectangulaire, il affiche simultanément des finitions de haut rang tout en se prêtant à une boîte qui laisse déjà deviner les orientations sportives ultérieures de l’horloger. Encore manuel, ce calibre sera suivi en en 1945 du tout premier mouvement automatique maison, le Calibre 582, richement décoré et visible par le fond du boîtier. Fait notable, trois ans plus tard, l’école horlogère de Bienne choisit un calibre Alpina (Ref. 592) comme support d’apprentissage pour ses étudiants.
Pour honorer cet événement, la maison horlogère suisse dévoile donc aujourd’hui un garde-temps issu de son prestigieux patrimoine. Sa particularité ? il est rythmé par le Calibre 490 d’époque. Pas une réédition ni une inspiration, mais bien l’original, celui de 1938 ! De cet authentique Calibre 490, sorti il y a tout juste 85 ans et qui n’existe plus en version d’époque qu’en de rarissimes exemplaires, Alpina a exhumé deux séries de 14 pièces, nommées Heritage Carrée Mechanical 140 Years. Entièrement restaurés, ces calibres historiques ont été implantés dans une boîte en argent rectangulaire, en hommage à une montre-bracelet de premier plan dans l’histoire d’Alpina. Mouvement à la douce fréquence de 2.5 Hz (18 000alt/h), de forme rectangulaire, parfaitement fini, il est déjà doté des premiers principes de protection contre l’eau et la poussière. Deux séries extrêmement limitées donc, pour l’Histoire.
Ce mouvement, enregistré sous le brevet suisse 158882, offre une construction simple et robuste, et possède une couronne brevetée qui comporte, en son sein, une protection contre la poussière. Le pas est essentiel puisqu’il permet déjà d’atteindre le stade d’une boîte hermétique, étape préalable indispensable à celle qui sera généralisée par la suite : la boîte étanche à l’eau. Il n’en est pas moins parfaitement fini, biseauté sur l’ensemble de ses composants, avec un rochet soleillé. Important à souligner, il s’agit ici d’un véritable calibre maison, conçu, assemblé et terminé par l’une des maisons constituant l’Union Horlogère, premier nom d’Alpina – une spécificité peu courante dans les années 30 où le marché des ébauches génériques était la règle, les mouvements manufactures, l’exception.
Ce témoin rarissime de l’âge d’or d’Alpina se présente donc de nouveau, en 2023, sous sa forme originelle. C’est un mouvement de forme, dans la plus pure tradition horlogère : le mouvement est roi, impose sa géométrie, la boîte s’adapte. À remontage manuel comme la quasi-totalité des calibres d’époque, il comporte 17 rubis et oscille à la fréquence de référence des garde-temps des années 30, soit 18'000 alt./h. A noter sa réserve de marche fort élevée pour l’époque (42h), ainsi que la construction très particulière de son ancre, très étirée de manière à pouvoir s’ajuster dans la géométrie rectangulaire du Calibre 490.
À l’époque, sa boîte était réalisée en acier ou en or, selon les modèles. Une des version acier était elle-même protégée par un brevet (N°207378), et se présentait comme « inoxydable », autre attention de la part d’Alpina pour rendre ses pièces résistantes à l’épreuve du temps. Les quelques rares exemplaires parvenus à la marque montrent aussi une boîte dotée de plusieurs éléments maintenant deux joints en pression, afin d’atteindre un certain niveau d’étanchéité. Plusieurs maisons allaient d’ailleurs s’inspirer de ce brevet pour parvenir à la même fin.
Pour habiller son Calibre 490 aujourd’hui, Alpina lui a conçu une nouvelle boîte sur mesure, et a nommé le nouveau modèle en son honneur : Heritage Carrée Mechanical 140 Years. Elle est réalisée en argent poli miroir, aux dimensions de 29,5 x 35,7mm pour une épaisseur minimale de seulement 9,71mm, elle se dote, de fond comme de face, d’un verre saphir anti-reflets permettant d’admirer la vénérable beauté du Calibre 490 d’époque. La pièce se porte sur un bracelet en cuir d'autruche marron clair, avec coutures blanches vintage et boucle ardillon.
Ce mouvement anime deux variations, chacune strictement limitée à 14 pièces. Elles se partagent le logo d’époque d’Alpina, deux fines aiguilles centrales complétées d’une petite seconde à 6h, typique des années 30 tout comme la minuterie « chemin de fer » entourant le cadran.
Parée d’un fond noir, la première version arbore des chiffres arabes pleins avec petite seconde circulaire. A l’identique par leur couleur beige, les aiguilles égrènent le temps qui passe, tandis que sur la seconde, le cadran argenté distingue des aiguilles noires venant ponctuer des chiffres arabes évidés et dans une police plus droite chère aux Années Folles. Un œil averti remarquera que la petite seconde présente, quant à elle, une forme carrée. Conformément à l’esprit du modèle d’époque, l’étanchéité est annoncé à 30 mètres.
Chaque modèle est donc disponible en 14 exemplaires au tarif publique de 4 995€ ttc.
29,5x35,7x9,71 mm
calibre AL-490 mécanique remontage manuel, rdm 42 hrs, 18'000 alt/h, 17 rubis
argent brossé en deux parties/saphir anti-reflets
cuir d'autruche marron clair avec surpiqûres blanc cassé, boucle ardillon
cadran noir ou argenté avec finition mate/
N/A
3 ATM
N/A